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Les Packard Darrin

Les Packard Darrin.

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Revenu de son séjour à Paris où il a successivement dirigé depuis 15 ans les ateliers de carrosserie Hibbard & Darrin et Fernandez & Darrin, Howard ‘Dutch’Darrin s’installe à Hollywood en 1937. Avec l’aide de Paul Erdos et de Rudy Stoessel, il ouvre un atelier sur Sunset Boulevard et cherche à s’attirer la clientèle des vedettes de cinéma.

Ayant compris que l’époque des grands carrossiers était révolue, son idée est de personnaliser des voitures de série pour en faire des modèles uniques à un coût raisonnable. Il pose son dévolu sur les Packard qu’il estime pour leur châssis irréprochable et pour leur calandre qui est « un excellent point de départ », tout en rappelant que son modèle préféré est la Cord 810 … qui n’a pas de calandre !

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La première Packard Convertible Victoria Darrin est construite en 1937 pour l’acteur Dick Powell. Le châssis est celui d’une Packard Eight de l’année modèle 1938 (une 120 donc) ; Darrin l’a choisie parce qu’elle est plus moderne qu’une grande Packard, plus facile à personnaliser et bien moins cher aussi ! Le dessin de la carrosserie est magnifique avec ses ailes en forme de vague et sa ceinture de caisse abaissée qui se caractérise par le creux au niveau de la portière. Darrin explique que « en réduisant la hauteur de la calandre, [il pouvait] obtenir une superbe voiture avec très peu de modifications de sa structure initiale ». Mais Darrin a transformé une carrosserie de Business Coupe, et la rigidité du châssis prévu pour une voiture fermée n’est pas celle nécessaire pour une voiture décapotable ; la caisse est extrêmement sensible à la torsion. Malgré cela, Darrin en construit deux ; l’une pour Clark Gabble, l’autre pour Chester Morris. C’est alors que Rudy Stoessel conçoit un capot en aluminium et des montants de pare-brise spécifiques qui augmentent la rigidité de la caisse, ce qui améliore les 16 à 18 voitures suivantes construites en 1938 et 1939. La liste des clients comprend Rosalind Russell, Al Jolson et Carole Lombard, qui paient chacun entre 4.200$ et 5.200$ par voiture. Mais pour certains, la voiture est trop voyante : Dick Powell revend la sienne au bout de quelques mois, agacé par le harcèlement de ses admirateurs qui le reconnaissent et le suivent à chaque fois qu’il roule avec.

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En 1938, Darrin arrive à convaincre l’association des concessionnaires de Packard à commander une Convertible Victoria pour leur réunion annuelle au siège de la marque à Detroit. La voiture construite, il demande à Art Fitzpatrick et à un de ses amis de la livrer. Les deux compères roulent jour et nuit pour arriver à temps. Malheureusement, ils se font percuter par un conducteur ivre et tout le côté gauche est abîmé. Mais la voiture peut encore rouler. Fitzpatrick lui fait faire un tour de la piste d’essai de l’usine Packard (sans y être autorisé), puis il la gare de façon à ne présenter que le côté en bon état. L’accueil est enthousiaste, sauf de la part des responsables de Packard qui refusent d’en entendre parler dans un premier temps. La marque refuse ainsi de référencer la Convertible Victoria dans ses catalogues. Mais les concessionnaires l’exigent tellement que Alvan Macauley finit par appeler Darrin pour convenir d’un rendez vous lors de son prochain séjour en Californie.

La rencontre a lieu dans l’atelier de Sunset Boulevard. Quand Macauley évoque le manque de rigidité de la caisse, Darrin monte sur le capot de l’exemplaire qui y est exposé. Horrifié, Macauley lui crie de descendre : « vous allez la détruire ! ». Mais Darrin se contente de sourire en continuant de sauter dessus ; il s’agit d’un modèle au capot en aluminium conçu par Stoessel. « Vous pensez qu’elle est assez solide ? » demande Darrin. C’est ainsi que la Convertible Victoria Darrin est approuvée par Packard ; elle est alors référencée officiellement dans le catalogue de 1940.

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Mais l’accord comporte des conditions particulières : la plupart des voitures doivent être établies sur des châssis de Super Eight, pour une raison d’image de marque, et le tarif est fixé à 4.750$. Darrin peut cependant assembler une poignée de voitures sur châssis de 120, mais au prix de 3.800$ seulement. En outre, deux nouvelles carrosseries doivent être proposées : une Convertible Sedan (6.100$) et une Sport Sedan à quatre portes (6.300$), sur empattement de 3,50 m. Leurs tarifs sont les plus élevés de la gamme Packard. Une quatrième version n’est pas présentée au catalogue : le Coupe de Ville (Model 1806) de 1940, dont les compas de custode reprennent la courbe de la ligne de caisse. Construite comme prototype de salon, elle est produite en quelques exemplaires au cours de l’année 1941 : au moins un d’entre eux a survécu.

Bien que leur diffusion ne peut être importante, Darrin sait qu’il ne peut pas assurer la fabrication de toutes ces voitures dans son modeste atelier. Il convient avec Roy Faulkner, le président de la firme Auburn en cours de liquidation, de pouvoir les fabriquer dans l’usine d’Auburn à Connersville (Indiana). La production totale est estimée à 40 Victoria, 5 Convertible Sedan et 2 Sport Sedan. Mais à la fin de 1940, Auburn ferme définitivement sa division automobile. Darrin transfère alors la production à Cincinatti (Ohio), chez Sayers & Scoville, un constructeur de corbillards ! Les Packard Darrin de 1941 qui y sont assemblées  sont toutes des Super Eight Convertible Victoria : il y en a 35 en 1941 et 15 en 1942.

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