Créer un site internet

Historique de 1982 à 2013

Dès sa création, Lincoln s’est défini comme le concurrent attitré de Cadillac. Cette situation s’est affirmée avec la disparition de Packard dans les années 1950, et la conséquence visible de cette concurrence est l’alignement des gammes des deux divisions au fil du temps. A la gamme simple des années 1960 (un seul modèle décliné en berline et en coupé) succède une gamme de trois modèles dans la deuxième moitié des années 1970 (une berline traditionnelle, un grand coupé personnel et une berline de luxe compacte).

Ebranlées par la crise de l’énergie et concurrencées sur leurs terres par les constructeurs allemands et japonais, les deux marques américaines cherchent tout au long des années 1980 et 1990 à moderniser leurs gammes en s’adaptant aux nouvelles contraintes tout en conservant leur identité. De son côté, Cadillac essaie désespérément de maintenir sa gamme habituelle en y ajoutant un modèle économique comme la Cimarron puis la Catera, avant de refonder son identité autour de la CTS et de développer une gamme de SUV. Pour sa part, et jusqu’au milieu des années 1990, Lincoln persiste à conserver sa gamme traditionnelle qui est modernisée tant bien que mal. Puis, en 1997, la division de prestige de Ford opère une petite révolution. Elle lance un énorme SUV et supprime le coupé personnel ! Elle multiplie ensuite le lancement de nouveaux modèles au cours des années qui suivent, au point de déstabiliser l’observateur le plus attentif. Et en 2007, Lincoln décide d’harmoniser les appellations de ses modèles par l’utilisation du préfixe MK.

A ce propos, il faut noter qu’à l’origine, Lincoln utilise les lettres Mk ou MK comme abréviation du mot « mark » (qui peut être traduit en français par celui de « série ») qu’elle a utilisé pour distinguer les différentes générations de Continental entre 1955 et 1960 puis entre 1968 et 1997 ; la prononciation de cette abréviation est donc « mark ». Mais les premiers tests conduits auprès des concessionnaires et du public montrent que les gens prononcent naturellement les deux lettres M et K. Lincoln officialise donc cette prononciation, et toutes les appellations en trois lettres se prononcent en épelant les trois lettres ! Cette nomenclature n’est toutefois pas facile à faire valoir, puisque, en janvier 2006, Ford est poursuivi en justice par Acura (la filiale de Honda) qui estime que le sigle MKX est trop proche de celui de MDX qu’elle utilise sur son propre crossover ; un arrangement financier règle ce conflit.

Reprenons donc l’étude le la gamme Lincoln au cours de ces années troubles pour comprendre sa structure actuelle.

Petit historique de 1961 à nos jours.

1961 continental sedan

Au sortir des fifties, Lincoln revient à la politique du modèle unique[1] avec la Continental de 1961. Cette dernière est déclinée en deux carrosseries ; berline et phaéton[2], avant l’adjonction d’un coupé en 1966 puis d’un cabriolet en 1967 à la place du phaéton. En face, Cadillac propose une gamme autour de sa DeVille déclinée en berline, coupé, cabriolet et limousine, couronnée à partir de 1967 par le coupé personnel Fleetwood Eldorado à traction avant. En réponse, Lincoln présente en avril 1967 son coupé personnel Continental Mk III[3]. Cette structure de gamme à deux niveaux est conservée à travers les évolutions des modèles ; nouvelle Continental en 1970, puis Continental Mk IV (1972) et Continental Mk V (1977).

En 1975, pour contrer l’offensive que les constructeurs allemands Mercedes et BMW mènent aux Etats-Unis depuis le début des années 1970, Cadillac lance sa Séville, à laquelle Lincoln ne répond qu’en 1977, avec la Versailles.

1977 versailles

Lincoln dispose ainsi de trois modèles, parfaits concurrents à ceux de Cadillac : Continental vs DeVille/Fleetwood, Continental Mk V vs Eldorado et Versailles vs Séville. Le renouvellement de la Continental et de la Mark en 1980 maintient cette organisation, même si désormais les deux appellations ne sont plus que des variantes du même modèle : la Continental et la Continental Mk VI sont en effet toutes les deux disponibles en berline et en coupé.

En 1981, la situation s’embrouille un peu au niveau des appellations ! La remplaçante de la Versailles récupère l’appellation de la Continental qui prend l’appellation de sa version haut de gamme : « Town Car ». Parallèlement, la Continental Mk VI devient simplement Mk VI. La gamme reste ainsi figée jusqu’en 1996. Entretemps, le coupé Mk VI est remplacé par la Mk VII en 1984 (tandis que la berline n’est pas remplacée) puis par la Mk VIII en 1993. De son côté, la Continental devient une traction avant en 1987 et elle est renouvelée en 1995. Enfin, la Town Car est renouvelée en 1990. Au cours de ces années, Lincoln ne cherche absolument pas à concurrencer la Cimarron de Cadillac.

En 1997, Lincoln opère une petite révolution. En effet, la marque lance un énorme SUV appelé Navigator et supprime le coupé Mk VIII sans le remplacer (ce que Cadillac fait avec l’Eldorado deux ans plus tard), avant de renouveler la Town Car. La gamme reste composée de 3 modèles, mais le coupé personnel a laissé place à un SUV ! En 1999, Lincoln présente une berline de format compact, la LS. La gamme dispose ainsi de quatre modèles : LS, Town Car, Continental et Navigator.

Puis en 2002, deux nouveaux SUV apparaissent ; le pick up Blackwood et l’Aviator. La gamme Lincoln se scinde ainsi en deux familles de 3 modèles chacune ; les berlines traditionnelles (LS, Continental, Town Car) et les SUV (Aviator, Blackwood, Navigator). Mais le Blackwood disparaît après 15 mois de production, et la Continental n’est pas reconduite pour 2003.

L’année 2005 apporte plusieurs changements. En janvier, le pick-up Mark LT apparaît pour reprendre le flambeau du Blackwood. Puis, à l’été 2005, l’Aviator est supprimé. Enfin, à l’automne apparaît la nouvelle Zephyr en entrée de gamme. La gamme comprend ainsi 3 berlines (Zephyr, LS, Town car) et 2 SUV (Mark LT, Navigator). La LS est supprimée en avril 2006 et il faut attendre décembre 2006 pour voir arriver le successeur de l’Aviator sous la forme du MKX.

Pour 2007, la Zephyr est rebaptisée MKZ, de façon à uniformiser les appellations des modèles de la marque qui dispose ainsi de 2 berlines (MKZ et Town Car) et de 3 SUV (MKX, MK LT et Navigator). Ce n’est qu’en mai 2008 que Lincoln lance la production de sa nouvelle grande berline, la MKS (5,18m). En 2009, le Mk LT est supprimé sur le marché américain, mais il reste proposé au Mexique. A la fin de l’année, Lincoln présente le MKT qui s’intercale entre le MKX et le Navigator. Enfin, le 29 août 2011, la dernière Town Car tombe des chaînes de l’usine de St Thomas.

La lecture de ce petit historique résume à lui seul la difficulté d’appréhension de la gamme Lincoln par un observateur non averti en raison de la succession effrénée d’appellations et de modèles en dix ans. Reprenons donc cette étude en distinguant la gamme des voitures de tourisme[4] et celle des véhicules utilitaires sportifs[5].

Les voitures de tourisme.

Avec la disparition du coupé personnel Mark VIII, Lincoln ne dispose plus en 1997 que de deux modèles : la Town Car et la Continental.

Le premier est celui qui symbolise la marque pendant 30 ans. Née en tant que 3° génération de la mythique Continental de 1961 (la 2° génération étant sortie en 1970), la voiture se voit attribuer l’appellation de Town Car en 1981 pour permettre à Lincoln de reprendre celle de Continental pour son nouveau vaisseau amiral en 1982.

1981 lincoln town car

L’appellation Town Car désignait jusqu’alors la finition haut de gamme du modèle. Il convient de se souvenir que sa traduction française est « voiture de ville[6] » pour comprendre la cible visée chez Cadillac. Archétype de la grande voiture américaine classique des années 1980 (empattement de 2,98 m, longueur de 5,57 m, moteur V8 de 5.0 l (302 c.i.), châssis séparé (plateforme « Panther » partagée avec la Ford LTD Crown Victoria et la Mercury Grand Marquis), propulsion et essieu arrière rigide), la Town Car devient le modèle emblématique de Lincoln. Son succès est tel que Cadillac réintroduit sa DeVille, supprimée en 1984 par l’arrivée d’une nouvelle génération compacte, sous l’appellation de Brougham en 1986 pour continuer à concurrencer Lincoln sur ce marché très particulier. Lincoln retouche la Town Car en 1990 (Cadillac renouvelle la Brougham en 1992) et à nouveau en 1997, alors que Cadillac abandonne définitivement ce marché.

1990 lincoln town car 1997 lincoln town car

1990                                                   1997

Le moteur est réduit à 4,6 l et la longueur est réduite à 5,47 m, mais une version longue « L » apparaît en 2000 avec un empattement de 3,14 m et une longueur de 5,62 m. Les lignes s’adoucissent, mais les dessous restent les mêmes, à la grande satisfaction des fabricants de limos[7]. Les nouvelles générations de clients lui préfèrent quand même les grands SUV. En 2008, la production de la Town Car est transférée de l’usine de Wixom (Michigan) à celle de St Thomas, au Canada (Ontario). Les ventes qui s’établissent à près de 100.000 exemplaires en 1998 s’effondrent à moins de 67.000 en 2001, puis à moins de 27.000 en 2007 pour finir à moins de 10.000 en 2011 ; le 29 août 2011, la dernière Town Car tombe des chaînes. Une version « Limousine » allongée entre les portes avant et arrière est toutefois encore fabriquée en Chine par la société FAW sous l’appellation de Hong Qi CA 7460. FAW avait déjà assemblé la Town Car normale sous licence du 10 novembre 1998 jusqu’en 2005.

Hongqi ca7460 factory 1

Sortie de la première Hong Qi CA 7460

De son côté, la Continental porte l’appellation la plus mythique de la marque, celle que Lincoln a d’abord réservé au cabriolet spécialement construit pour Edsel Ford en 1939 et conservée sur le modèle de série et ses successeur. Reprise en 1961 pour le modèle unique, l’appellation est attribuée en 1981 au successeur de la Versailles (5,10 m de long sur un empattement de 2,79 m), nouveau modèle haut de gamme de la marque.

1982 lincoln continental 1

Cette nouvelle Continental (5,10 m de long sur un empattement de 2,76 m) est établie sur a plateforme Fox qu’elle partage avec la Ford Fairmont et la Mercury Zephyr. Affichée à 21.302$, elle concurrence directement la Séville de Cadillac, au point d’arborer elle aussi un arrière à double pente. Le moteur de série est le V8 de 5 l et 131 ch., mais deux autres moteurs sont proposés en option ; le premier 6 cylindres de la marque, leV6 Essex de 3,8 l, et, uniquement en 1984 et en 1985, un moteur Diesel 4 cylindres turbocompressé de 2,4 l fourni par BMW (produit seulement à 1.500 exemplaires). Cette Continental est remplacée en 1987 par un modèle à traction avant aux lignes arrondies (5,21 m de long sur un empattement de 2,77 m) établi sur la plateforme FD186 qu’elle partage avec la Ford Taurus et la Mercury Sable.

1988 lincoln contiental 3

Son seul moteur est le V6 Essex de 3,8 l porté à 140 ch. (puis 155 ch. en 1991 et 160 ch. en 1993). Elle est retouché en 1995 (5,24 m de long) puis en 1998 (5,30 m) et retrouve un moteur V8, l’InTech de 4,6 l et 260 ch. à cylindrée modulaire.

1995 lincoln continental 1

Toutes ces Continental sont assemblées dans l’usine de Wixom (Michigan). Depuis 1999, la Continental est affichée au même prix que la Town Car, soit 38.325$. Mais le modèle ne rencontre pas le succès auprès des nouvelles générations de clients. Les ventes atteignent 35.210 exemplaires en 1998, chutent à 26.246 en 1999 et s’effondrent à 15.435 exemplaires en 2002. La Continental est supprimée du catalogue en 2003.

Le renouveau des berlines Lincoln apparaît en 1999 avec la petite LS (4,92 m de long), une propulsion établie sur la plateforme DEW98 (empattement de 2,91 m) utilisée pour la Ford Thunderbird, la Jaguar S-Type et, avec un empattement réduit à 2,75 m, la Ford Mondeo !

1999 ls

Comme la Jaguar, la Lincoln LS est proposée en deux versions ; 6 cylindres (LS V6, avec un V6 de 3 l de 210 ch., disponible en boîte mécanique, une première depuis la Cosmopolitan de 1951) et 8 cylindres (LS V8, avec un V8 de 3,9 l de 252 ch.)[8]. La LS V6 concurrence directement la Cadillac Catera, qui n’est qu’une Opel Omega rebadgée (elle est d’ailleurs fabriquée en Allemagne). Elle est affichée à un tarif de 30.000$, quand la LS V8 est proposée à partir de 39.945$. La LS est retouchée en 2003 ; la calandre arbore un dessin en chute d’eau, avec des barrettes verticales, et la boîte mécanique n’est pas reconduite (2.331 exemplaires seulement en ont été vendus depuis 1999).

2003 ls

La version V6 est supprimée pour l’année modèle 2006 en raison de son trop faible niveau de ventes. La Lincoln LS est assemblée dans l’usine de Wixom (Michigan). Après un début mitigé (26.368 unités en 1999), les ventes s’envolent à 51.039 unité en 2000 avant de s’effondrer à 39.787 en 2001. Les quatre années qui suivent connaissent des chutes successives qui réduisent les ventes à 19.109 unités en 2005. La LS disparaît le 3 avril 2006.

La deuxième tentative de produire une petite Lincoln est présentée en 2005, avant le retrait de la LS. La Zephyr reprend l’appellation du modèle qui a sauvé la division dans les années 1930, et qui a constitué la base de son renouveau après la guerre.

2005 lincoln zephyr

Plus petite que la LS, cette nouvelle Zephyr (4,84 m de long sur un empattement de 2,73 m) se veut la concurrente de la Cadillac CTS. Elle est établie sur la plateforme à traction avant CD3, dérivée de celle de la Mazda 6, et partagée avec la Ford Fusion et la Merucry Milan. Elle est équipée du V6 Duratec de 3 l porté à 221 ch. Son prix de base est de 29.995$. Elle est rebaptisée MKZ en 2007, de façon à uniformiser les appellations des modèles de la marque. Ce changement d’appellation marque aussi l’arrivée d’une nouvelle calandre, en chute d’eau.

2007 lincoln mkz

Son moteur devient le V6 Duratec de 3,5 l de 263 ch., et elle peut être équipée en option d’une transmission intégrale. En 2010, la calandre est de nouveau modifiée pour prendre un dessin rappelant celui des Lincoln de la fin des années 1930. Une version hybride est lancée en septembre 2010 (au même prix que la version essence équivalente, soit 35.520$), équipée d’un moteur à 4 cylindres Duractec de 2,5 l et d’un moteur électrique qui fournissent combinés 191 ch., ce qui en fait la première Lincoln à moteur 4 cylindres de l’histoire de la marque. Depuis le 1° août 2005, les Lincoln Zephyr et MKZ sont assemblées au Mexique, dans l’usine de Hermosillo (Etat de Sonora). Après un départ mitigé (4.985 unités en 2005), les ventes bondissent à 33.114 unités en 2006 et à 34.363 unités en 2007. La récession qui suit ramène le niveau des ventes à 22.081 unités en 2009, mais après trois années de hausses successives, la MKZ atteint 28.053 ventes en 2012. La version hybride représente plus de 20% des ventes depuis 2011 (et même 68% sur le secteur de San Francisco). Une nouvelle génération de MKZ a pris le relai pour 2013.

2013 lincoln mkz

Etablie sur la plateforme CD4 à traction avant partagée par les Ford Fusion et Mondeo, le nouvelle MKZ est disponible en trois motorisations : 4 cylindres EcoBoost de 2 l et 240 ch., V6 Duratec de 3,7 l et 300 ch. et version hybride à moteur 2 l Hybrid I4 de 191 ch. Les modèles essence peuvent être équipés de la transmission intégrale. Cette nouvelle génération est plus grande avec un empattement de 2,85 m et une longueur de 4,93 m. Elle arbore une calandre en deux parties à barres horizontales rappelant celle de la Lincoln Zephyr de 1940. Le public réagit favorablement en portant le niveau des ventes à 33.986 unités en 2013.

La dernière berline Lincoln de l’époque actuelle est la MKS, lancée en mai 2008.

2009 mks

Successeur de la Continental, la MKS (5,18 m de long sur un empattement de 2,87 m) se veut la concurrente de la Cadillac STS. Elle est établie sur la plateforme D3 à traction avant qu’elle partage avec la Ford Taurus et la Mercury Sable, ainsi qu’avec le SUV Lincoln MKT. Elle est motorisée par le V6 Cyclone de 3,7 l et 273 ch. et elle peut recevoir en option le V6 EcoBoost de 3,5 l à double turbo développant 355 ch., ainsi que la transmission intégrale. Sa calandre horizontale en deux parties avec des barres verticales reprend le dessin de la Continental de 1941. La MKS est assemblée dans l’usine de Chicago (Illinois). Son prix de base est de 38.465$. Elle concurrence les Audi A8, Cadillac CTS, Jaguar XF, Hyundai Genesis et Mercedes-Benz Classe E. Après une première année à 12.982 unités, les ventes atteignent 17.174 unités en 2009 avant de retomber à 12.217 en 2011.Très légèrement retouchée en 2012, elle maintient son niveau de ventes à 12.524 unités, mais recule à 11.057 unités en  2013, soit un niveau inférieur à celui qui annonça la fin de la Continental en 2002.

Les véhicules utilitaires sportifs.

Ford comprend bien avant GM le retournement du public des grandes berlines vers les gros SUV. En 1997, Lincoln présente donc le Navigator, un énorme SUV (5,20 m de long pour un empattement de 3,02 m, 2,03 m de large et 1,91 m de haut, 2,3 tonnes) dérivé du Ford Expedition à châssis séparé.

1998lincolnnavigator

Le Navigator est proposé en série en propulsion avec le moteur V8 Triton de 5,4 l et 230 ch. et la boîte automatique 4R100 à 4 rapports, mais la transmission intégrale « ControlTrack » est disponible en option. Il peut tracter un poids de 3,5 tonnes. En 1999, le Triton est remplacé par le V8 InTech de 5,4 l et 300 ch. Le Navigator est retouché en 2003 ; la longueur atteint 5,23 m, la largeur 1,99 m, la hauteur 1,98 m et le poids dépasse 2,6 tonnes.

2003 lincoln navigator

Il retrouve le V8 Triton de 5,4 l dont la puissance atteint 300 ch. et il obtient une suspension arrière indépendante. Une légère retouche intervient de nouveau en 2005 ; la longueur atteint 5,27 m et la largeur 2,04 m, tandis que le poids est réduit à 2,5 tonnes.

2003 navigator

Le moteur est remplacé par le V8 de 5,4 l à 3 soupapes par cylindres du Ford F-150 qui développe 300 ch. et il est désormais accouplé à une boîte automatique ZF à 6 rapports. La capacité de traction est de 3,9 tonnes. Une troisième génération apparaît en 2007, développée sur la plateforme T1 qu’il partage avec le nouveau Ford Expedition.

2007 navigator

Son dessin extérieur est assuré par l’équipe de Chelsia Lau. La face avant est davantage chromée, avec une calandre qui reprend le dessin de l’emblème en croix de Lincoln, complétée par une large grille insérée dans le pare-chocs. Le capot est surélevé en son centre pour donner une impression de puissance. Les feux arrière s’inspirent de ceux de la MKZ. L’empattement est conservé, mais la longueur est portée à 5,29 m et le poids est de 2,7 tonnes. Une version « L » à empattement allongé vient le seconder ; l’empattement est porté à 3,33 m pour une longueur de 5,67 m. Le moteur est inchangé, mais grâce à une meilleure rigidité du châssis, la capacité de traction atteint 4,1 tonnes. En 2009, la boîte ZF est remplacée par la boîte automatique Ford Z6R80 à 6 rapports. Le Navigator est assemblée dans l’usine de Wayne (Michigan) et dans celle de Louisville (Kentucky). La production débute le 14 mai 1997. Il est concurrencé par le Cadillac Escalade et sa version longue ESV, ainsi que par les Infinity QX56 et Mercedes-Benz Classe GL. Le prix du Navigator est fixé à 48.135$ en 2003. Avec 43.859 unités vendues, le Navigator est le modèle qui permet à Lincoln de dépasser son éternel rival Cadillac en 1998. Mais les ventes diminuent régulièrement d’année en année pour tomber à 30.613 unités en 2002. La deuxième génération suscite un intérêt à sa présentation (38.742 unités en 2003) avant de connaître le même genre de repli (23.947 unités en 2006). En revanche, la troisième génération n’arrive pas à faire mieux (24.050 unités en 2007) avant de plonger à moins de 9.000 unités dès 2009 pour s’y maintenir depuis (8.908 en 2013).

 

2002 blackwood

Alors que Cadillac sort l’Escalade, Lincoln reprend l’initiative en présentant un dérivé pick-up du Navigator en janvier 2001 : le Blackwood. Dessiné par Patrick Schiavone, le Blackwood est établi sur la plateforme Ford P du Ford F-150 pick-up Crew Cab à empattement de 3,52 m. Il reprend la cabine du Ford et les ailes avant et le capot du Navigator. Equipé d’une cabine double à 4 portes, sa longueur atteint 5,59 m sur une largeur de 1,98 m et une hauteur de 1,87 m.

Lincoln blackwood 08

La benne est recouverte d’un couvre-tonneau à ouverture électrique et l’intérieur est recouvert de moquette striée de barres en acier inoxydable. Cinq filets en aluminium enjolivent les bords de la benne qui imitent le bois noir qui donne son nom au véhicule. Mécaniquement, la Blackwood est une propulsion motorisé par le V8 de 5,4 l et 300 ch accouplé à la boîte automatique à 4 rapports. Affiché à 52.500$, il n’est disponible qu’en noir, et il n’y a qu’une seule option au catalogue ; un système de navigation avec écran de 5 pouces (12,7 cm). Il est assemblé dans l’usine de Kansas City, à Claycomo (Missouri). Proposé à partir d’octobre 2001, le Blackwood ne reste que 15 mois au catalogue, jusqu’en décembre 2002, après seulement 3.356 modèles produits (il reste proposé au Mexique pour l’année 2003). De façon anecdotique, une série limitée de 50 Blackwood est réalisée pour le catalogue de printemps de Nieman Marcus, avec une finition spécifique et un tarif de 58.800$. L’échec est patent, alors que Cadillac connaît le succès en déclinant son Escalade en un pick-up EXT disponible en 4x4 et proposant un aspect plus utilitaire.

2006 mark lt

La tentative est renouvelée en janvier 2005 avec le Mark LT, un pick-up double cabine établi sur la plateforme P2 du Ford-F150 équipé du V8 Triton de 5,4 l et 300 ch. Pour ne pas renouveler l’échec du Blackwood, Lincoln propose son Mark LT en propulsion et en transmission intégrale, et en deux longueurs de bennes. Etabli sur un empattement de 3,53 m, le Mark LT mesure 5,68 m de long pour 2 m de large. Sa hauteur varie de 1,87 m en propulsion à 1,93 en 4x4. La version à benne longue est établie sur un empattement de 3,83 m et sa longueur atteint 5,99m ! Le dessin extérieur est à nouveau signé par l’équipe de Patrick Schiavone. La calandre massive arbore une version géante de l’insigne de Lincoln. Il est assemblé dans l’usine de River Rouge à Detroit (Michigan) ainsi qu’au Mexique, dans l’usine de Cuautitlan, sur les mêmes chaînes que le Ford F-150. Il concurrence le Cadillac Escalade EXT. Programmé pour atteindre un niveau de vente moyen de 13.000 unités par an, le Mark LT débute à 10.274 unités en 2005 puis à 12.753 en 2006. Malheureusement, les ventes s’effondrent à 8.382 unités en 2007 et à 4.631 unités en 2008. Et les rabais de 10.000$ offerts par les vendeurs n’y font rien. Lincoln supprime donc le Mark LT du catalogue en 2009 après une ultime production de 147 modèles.

2010 mark lt

Toutefois, le Mark LT rencontre un tel succès au Mexique qu’il continue d’y être vendu et qu’il bénéficie en 2010 d’une remise à jour basée sur la nouvelle plateforme du F-150. les versions à benne courte continue d’être fabriquée à Detroit, tandis que celles à benne longue le sont au Mexique.

2005 aviator

L’année 2002 voit également la présentation d’un SUV intermédiaire, l’Aviator. Etabli sur la plateforme Ford U1 qu’il partage avec le Ford Explorer et le Mercury Mountaineer, l’Aviator dispose d’un empattement de 2,89 m pour une longueur de 4,91 m, une largeur de 1,88 m et une hauteur de 1,83 m. Il est motorisé par le V8 de 4,6 l à 4 soupapes par cylindre et cylindrée modulable développant 302 ch., repris de la Ford Mustang. La transmission est confiée à la boîte automatique à 5 rapports Ford 5R5E. Très similaire au Ford Explorer, l’Aviator reprend des détails du style de Navigator, Lincoln affirmant dans ses publicités que « l’imitation est l’expression la plus sincère de la flatterie. En particulier quand vous vous imitez vous-même ». Il est assemblé au Missouri, dans l’usine St Louis de Hazelwood. Il concurrence le Lexus GS et le Cadillac SRX. Affiché au tarif de 39.940$ en version à propulsion et à 42.890$ en version à transmission intégrale, l’Aviator ne connaît pas le succès escompté. Ses ventes atteignent 29.517 unités en 2003 avant de tomber à 23.644 unités en 2004 et de plonger à 15.873 unités en 2005. Lincoln décide d’en arrêter la production le 19 août 2005.

2007 lincoln mkx 2

Lincoln revoit complètement sa copie et il faut attendre décembre 2006 pour voir arriver le successeur de l’Aviator sous la forme du MKX, un modèle plus petit établi sur la plateforme CD3 du Ford Edge (celle utilisée pour la Lincoln MKZ). Avec un empattement de 2,82 m, il mesure 4,38 m de long sur 1,92 m de large et 1,71 m de haut. Son poids est de 1,9 tonne. Il est motorisé par le V6 Duractec de 3,5 l et 265 ch. accouplé à la boîte automatique 6F50 à 6 rapports. Traction avant de série, il est disponible en option avec une transmission intégrale. Extérieurement, la MKX reprend les grandes lignes du Ford Edge en y ajoutant un traitement des faces avant et arrière spécifique au niveau de la calandre, des phares et des feux. Le toit est équipé d’un toit transparent « Vista Roof ». Il est assemblé au Canada, dans l’usine d’Oakville (Ontario). La production atteint 37.953 unités en 2007 puis tombe à 29.076 unités en 2008 et chute à 21.433 unités en 2009, un niveau maintenu en 2010 avec 21.932 unités.

2011 lincoln mkx 2

Le MKX est retouché pour 2011. Il reçoit une face avant similaire à celle de la MKZ et sa longueur atteint 4,74 m. Son moteur V6 est réalésé à 3,7 l pour développer 305 ch. Les ventes remontent à 23.395 unités en 2011, 25.107 unités en 2012 et 27.151 unités en 2013. Depuis sa présentation, il est ainsi le deuxième modèle le plus vendu de la gamme.

 

 2010 lincoln mkt 2

A la fin de l’année 2009, Lincoln présente le MKT (le T signifiant Touring) qui s’intercale entre le MKX et le Navigator. Il est établi sur la plateforme D4 du Ford Flex qu’il partage avec le Ford Explorer de 5° génération. Avec son empattement de 3,07 m, il mesure 5,29 m de long sur 2 m de large et 1,62 m de haut. Il est motorisé par le V6 Cyclone de 3,7 l à injection directe qui développe 268 ch., et en option, il peut en recevoir le V6 Cyclone EcoBoost de 3,5 l à double turbocompresseur qui développe 355 ch. Les deux moteurs sont accouplés à la boite automatique 6F à 6 rapports. Proposé en série en traction avant, il peut être équipé en option d’une transmission intégrale. Son habitacle comprend 3 rangées de sièges, mais la rangée centrale peut être équipée avec 3 sièges ou 2 seulement séparé par une console centrale. Il concurrence les Acura MDX, Audi Q7, Infinity JX et Mercedes-Benz Classe R. Il est assemblé au Canada, dans l’usine d’Oakville (Ontario). La production démarre le 6 août 2009 et atteint 2.580 exemplaires à la fin de l’année. En 2010, elle atteint 7.435 unités. Elle chute à 5.024 unités en 2011 mais remonte à 7.094 unités en 2012.

2013 lincoln mkt 2

Une version retouchée est présentée pour 2013, avec une augmentation de puissance du V6 de 3,7 à 300 ch. Mais les ventes reculent à 6.406 unités seulement. Depuis février 2011, le MKT est décliné en version « Livery » destinée aux flottes de voitures de remisage ; reprenant ainsi la suite de la Lincoln Town car avant son retrait du catalogue en 2012.

Conclusion.

Sans jamais être pléthorique, la gamme de Lincoln a connu de nombreuses évolutions au cours de la dernière décennie. Aujourd’hui stabilisée, elle présente deux berlines, la MKZ intermédiaire et la grande MKS, et trois SUV, le MKX intermédiaire (établi sur la même plateforme que la MKZ), le grand MKT (établi sur la même plateforme que la MKS) et le très grand Navigator. La montée en puissance des SUV s’est faite par paliers depuis 1997, mais dès 2007, leurs ventes correspondent à 54% des ventes totales de la marque (avec un record de 70.385 SUV contre 61.102 berlines). En 2013, les ventes de ces deux gammes de produits sont quasiment équilibrées (51% des ventes en berlines et 49% en SUV). Le modèle le plus vendu est la MKZ (33.986 exemplaires, soit 39% des ventes de la marque) devant le MKX (27.151 unités, soit 31%), la MKS (11.057 unités, soit 13%), le Navigator (8.908 unités, soit 10%) et le MKT (6.406, soit 7%). Le total des ventes de Lincoln atteint ainsi 87.508 unités, un niveau que la marque connaît depuis 4 ans, alors que les ventes avaient atteint le niveau record de 193.009 unités en 2000. Le bilan qui peut être tiré de cette décennie ne peut être que décevant. Certes, Lincoln a su forger une nouvelle identité en offrant des produits modernes et en développant son offre. Malheureusement, le public n’a pas suivi ces changements, et aucun des modèles de la marque n’atteint les objectifs fixés. Lincoln table sur un nouveau modèle d’entrée de gamme premium pour rebondir en 2014 ; le SUV compact MKC dérivé du Ford Kuga.

 2015 lincoln mkc

 

[1] Celle de ses débuts, quand Henry Leland présente la Lincoln Model L qui reste le seul modèle de la marque jusqu’en 1930.

[2] Définition d’une voiture découverte à quatre portes.

[3] Cette deuxième Mark III se veut le successeur de la Mark II de 1955, et Lincoln veut ainsi faire oublier la lignée des grandes Mark III, Mark IV et Mark V de la fin des années 1950 absolument pas conformes au concept original de la Continental voulue par Edsel Ford en 1939.

[4] Que les américains désignent sous le terme de « cars ».

[5] Sport Utility Vehicle (SUV), qui font partie des « light trucks » (camions légers ou camionnettes !).

[6] Au début du XX° siècle, une voiture de ville est une voiture avec chauffeur qui permet à son propriétaire de se rendre au théâtre ou à l’opéra (… « en ville » donc) s’en avoir à se soucier du stationnement du véhicule.

[7] Les limos sont ces grandes berlines américaines allongées (« stretched ») au niveau du pied milieu de la longueur souhaitée par le client. Il ne faut pas les confondre avec les limousines, dont l’allongement par rapport à la berline d’origine se situe entre la porte arrière et le passage de roue arrière.

[8] Initialement, les deux versions de la LS devaient s’appeler LS6 et LS8, mais Ford est menacé de poursuites  en justice par Lexus (la division de Toyota) qui utilise déjà ces appellations sur sa berline LS ! Ford rappelle alors à Toyota que son utilisation du nombre 150 pour son prototype T150 est bien proche quant à elle de celle utilisé depuis les années 1950 par Ford pour son  F-150. Les deux firmes trouvent alors ce terrain d’entente pour ne pas aller en justice.

×