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Le premier V8 (1915-1924)

1915 engine

Bien que Wilfred Leland lance l’idée de produire une huit cylindres dès 1912, c’est David Mc Call White, un écossais formé en Angleterre chez Daimler et chez Napier, qui en est le principal responsable. L’étude du huit cylindres commence dans le plus grand secret durant l’été 1913, et c’est la disposition en V qui est retenue. Elle procure une souplesse égale à celle des gros six cylindres en ligne tout en permettant, grâce à sa compacité, de disposer d’une place plus importante pour les passagers à longueur de châssis identique. La technique du V8 n’est pas nouvelle à cette époque. Mais c’est la première fois qu’un constructeur en assure un développement commercial viable. D’aucuns prétendent qu’il ne s’agit que d’une copie du V8 De Dion, son précurseur le plus significatif. En réalité, ce moteur ne fournit que la base à partir de laquelle les ingénieurs de Cadillac travaillent et développent leurs propres dessins. Les qualités principales du moteur De Dion sont conservées; refroidissement efficace, pièces légères et grande souplesse.

1915 cadillac type 51

La première Cadillac à moteur V8 est le Type 51, présenté en septembre 1915 et baptisé d’après sa cylindrée de 5.1 litres. Il a un empattement de 3,10 mètres et l’espace disponible à l’intérieur est identique à celui des voitures à moteur 6 cylindres en ligne qui ont un empattement plus long de 30 cm. Le moteur est un V8 à 90° de 5.147 cm3 (79.5 x 130.3 mm) développant 70 chevaux à 2.400 tr/mn qui entraîne la voiture à près de 100 km/h. Naturellement, il est équipé du système Delco renforcé d’un générateur et d’une batterie à accumulation. Cadillac abandonne la transmission variable au profit d’un embrayage multidisque à sec, mais la boite conserve ses trois rapports, avec des rapports finaux de 4.45 et de 5.08. Le châssis est du type échelle avec des pontons latéraux et une traverse centrale, renforcé par des traverses tubulaires cruciformes. La direction est à vis et galet et la voiture possède des freins mécaniques à tambour à l’arrière. Dix types de carrosseries sont disponibles, les prix s’échelonnant de 2.000 $ à 3.600 $. La production du Type 51 atteint 13.0000 exemplaires en 1915, dernière année de production des modèles 4 cylindres. De 1916 à 1923, fin de production de cette première génération de V8, la production tourne autour de 20.000 unités par an. Et si la production chute à 5.250 exemplaires en 1921, année de récession, elle remonte aussitôt à 26.296 exemplaires en 1922.

1921 cadillac suburban

Cadillac Suburban, 1921

Produites jusqu’en 1923, les Cadillac qui succèdent au Type 51 (Modèles 53, 55, 57, 59 et 61) ont toutes des carrosseries qui adoptent le même style, si l'on peut parler de style en ce qui les concerne. Ce sont des voitures assez courtes, avec des angles arrondis et de très petites portières. Rien ne les distingue extérieurement des autres voitures américaines de l’époque. Les évolutions techniques consistent en une augmentation régulière de la cylindrée et de la puissance qui atteint 79 chevaux en 1920. L’empattement augmente lui aussi de 3.17 mètres et 3.35 mètres, en 1917, à 3.35 mètres pour tous les modèles en 1921. Le poids d’une conduite intérieure de base est de 1.905 kg. Les prix s’échelonnent entre 2.000 $ et 5.000 $. Ce sont ces voitures qui établissent la réputation de haute qualité de Cadillac. En 1977, Maurice D. Hendry, un des meilleurs spécialistes de la marque, écrit dans le magazine « Car classic » :  « Le V8 sonne le glas pour les voitures faits main, de haute technicité et de prix élevé ... les ventes de Cadillac sont dix fois plus élevées que celles de Pierce Arrow et de Locomobile ». Hendry cite également W.A. Robotham, de chez Rolls Royce, qui explique que l’échec de l’installation d’une usine Rolls Royce aux Etats Unis est dû « à la très forte concurrence des Cadillac V8 et des Packard V12 (voitures de qualité équipées de tous les accessoires possibles) suivie de celle des Lincoln et des Peerless V8; toutes ces voitures pouvant être vendues à des prix très bas grâce à leur niveaux de production élevés ».

Evolution du V8 de première génération.

Malgré le départ des Leland en 1917, Cadillac bénéficie du travail d’autres ingénieurs très imaginatifs comme Benjamin H. Annibal, de 1917 à 1923, et Ernest W. Seaholm, de 1923 à 1943. Seaholm est l’ingénieur en chef de la marque durant la période que beaucoup considèrent comme la plus grande en terme de développement technique. Ses vingt années de service au sein de la division sont marquées par l’apparition du V8 auto équilibré et des moteurs V16 et V12 et par les premiers pas du V8 à soupapes en tête qui sort en 1949. Le V8 auto équilibré est cependant une création de Charles F. Kettering. Malgré un vilebrequin à un palier très bien équilibré, le premier V8 de Cadillac souffre, en effet, de fortes vibrations à certains régimes. Kettering développe alors un vilebrequin à deux paliers qui supprime  ces vibrations bizarres. Il permet à Cadillac de contrer largement l’assaut des moteurs à 8 cylindres en ligne très à la mode dans les années 20 et 30. Ce nouveau moteur est introduit en 1924 sur le Model V-63. Ce dernier inaugure également les freins aux quatre roues. Les freins avant disposent de garnitures expansives et les freins arrières ont la particularité de pouvoir être actionnés au pied ou à la main, la puissance de freinage étant identique.

1924 cadillac touring phaeton model v 63 1924 cadillac opera coupe

Cadillac V-63 Touring Phaeton et Opera Coupe, 1924