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Retour aux sources (1969-1976)

La Continental Mk III et présentée à la presse le 13 février 1968 et elle est disponible chez les concessionnaires Lincoln-Mercury en avril suivant. Réplique de Ford à la superbe Cadillac Eldorado de la GM, la Mk III marque, comme sa rivale, le retour de l’automobile américaine à ses racines des années 1930. Dans son communiqué, Ford explique que « la Mk III transpose les thèmes de style historiques de ses prédécesseurs, la Continental Mk I et la Mk II, dans une adaptation parfaitement actuelle ». De fait, avec son long capot, son habitacle à deux portes offrant quatre places, son coffre court et son bossage arrière simulant une roue de secours, la Mk III possède un style hautement péremptoire et tout à fait personnel. Le traitement de la partie avant est significatif. La superbe calandre chromée verticale termine un capot dont les rainures semblent faire détacher les ailes, à la manière du style des grandes voitures classiques américaines entre 1925 et 1940, style que Lincoln avait été le premier à abandonner avec sa Zéphyr! Mais la Continental Mk III ne renie pas, pour autant, la Lincoln Continental qu’elle vient épauler. La ligne de caisse des deux voitures présente un lien de parenté évident. La Mk III inaugure une nouvelle tradition pour la marque, en arborant, avec beaucoup de classe, des phares rétractables de part et d’autre de la calandre (en réalité, c’est un volet rétractable qui vient recouvrir les deux paires de phares qui restent fixes, eux). Longue de 5,49 mètres, la Mk III est établie sur un empattement de 2,98 mètres. Son moteur est le V8 de 7,5 litres dont la puissance atteint désormais 375 chevaux.

L’arrivée de cette nouvelle voiture est significative du nouvel esprit de la marque et de sa recherche de classicisme. Comme le communiqué de Ford le laisse entendre, la Mk III est l’héritière de la Lincoln Continental Mk I et de la Continental Mk II. Comme cette dernière, il s’agit d’une « Continental », et non d’une Lincoln ; les Continental Mk III, Mk IV et Mk V de la période 1958 à 1960 sont ainsi, rétroactivement, débaptisées et déchues de leur filiation! C’est un cas unique dans l’histoire de l’automobile; pour la première fois, un constructeur reconnaît avoir proposé des modèles indignes de lui.

La gamme Lincoln, qui reste constituée de la Continental en version berline et en version coupé, reçoit une nouvelle calandre. L’arrivée de la Mk III stimule les ventes, qui remontent de façon optimiste.

La nouvelle Lincoln Continental.

En septembre 1969, la Lincoln Continental reçoit une nouvelle carrosserie qui utilise la plate-forme des Ford LTD et Mercury Monarch. Avec un empattement de 3,23 mètres, elle atteint la taille respectable de 5,91 mètres. Sa largueur est de 2,04 mètres et elle est haute de 1,40 mètre. Son poids de 2.270 kg ne l’empêche pas de rouler à 190 km/h grâce à son moteur de 375 chevaux. Heureusement, les freins avant sont désormais à disque.

Dans sa partie avant, la Lincoln Continental s’apparente à la Continental Mk III, avec sa calandre verticale et ses phares occultés. Les lignes sont dessinées en coin, avec des passages de roues avant à angles droits et des roues arrière à demie cachées. Les clignotants avant occupent toute la tranche des ailes et des répétiteurs apparaissent à l’avant entre le pare-chocs et les passages de roues. Les essuie-glaces disparaissent sous une lèvre du capot et les portières s’ouvrent toutes dans le bon sens, un pilier central venant rigidifier la caisse. Autant de petits détails qui vont dans le sens d’une plus grande sécurité passive, conséquence logique du succès de la campagne de Ralph Nader au cours des années 1960.

La Lincoln Continental est proposée en deux carrosseries, berline et coupé, ce dernier disposant d’un empattement réduit à 3,06 mètres. La berline se dédouble d’une version « Town Car » traitée de façon plus luxueuse que la version normale avec un pavillon de toit recouvert de vinyle sur sa partie arrière, évoquant ainsi les coupés-chauffeur des années 1930.

Toutes ces nouvelles voitures permettent à Ford de refaire son retard sur la GM dans le marché du luxe. Désormais, les ventes de Lincoln et de Continental représentent la moitié de celles de Cadillac. Chrysler préfère suivre ce combat de loin; la marque Imperial disparaît en 1971 pour ne subsister qu’en tant que modèle le plus luxueux de la gamme Chrysler, dans un style très proche de la Lincoln Continental.

Aucune évolution notable ne touche les Lincoln et la Continental jusqu’en 1973, quand la Mk III laisse la place à la Mk IV.

La déclinaison la plus parfaite du luxe.

La Continental Mk IV est, en réalité, une version actualisée de la Continental Mk III. La ligne générale est légèrement retouchée. Les angles s’arrondissent, les poignées de portières sont intégrées aux flancs de la carrosserie, les essuie-glaces glissent sous la lèvre du capot et des répétiteurs de phares et de clignotants apparaissent devant les passages de roues avant. Les pare-chocs sont plus proéminents; montés sur vérins, ils peuvent encaisser, sans dommage, un choc à 8 km/h. Les roues reçoivent des enjoliveurs plats. La calandre reçoit une mascotte constituée simplement de la croix du blason Lincoln. Petite nouveauté de style, les montants de custode du toit sont percés d’une glace de custode ovale gravée en son centre de cette croix. La Continental Mk IV est présentée comme « une des voitures américaines de luxe les plus désirables de la décennie ... dont la magnifique et classique simplicité surmontera les années »! Le catalogue poursuit en expliquant qu’il est « rare qu’autant de luxe et de confort personnel soient combinés dans une automobile aussi raffinée ». Equipée de façon encore plus luxueuse que la Lincoln Continental, la Mk IV est disponible en trois finitions dont la plus chère est la version « Gold Luxury », « la déclinaison la plus parfaite du luxe [...] la plus parfaite des voitures de luxe d’Amérique ». Sa teinte de carrosserie est baptisée « Unique Gold Diamont Fire », son toit vinyle « Flare Levant » et, en option, elle est équipée du toit ouvrant électrique « Moonroof », avec une glace teintée or!

En série, toutes les Lincoln de 1974 reçoivent une climatisation à contrôle automatique (« vous sélectionnez la température désirée ... qui est alors maintenue constante »), des vitres électriques, des sièges à réglages électriques dans six directions, des freins à disque à l’avant, une direction assistée, une radio à quatre haut-parleurs, des lumières de courtoisies, des allume-cigares et des cendriers à chaque place et une montre Cartier.

En 1975, les nouvelles options sont les freins à disque aux quatre roues, qui offrent une surface de freinage de 3006 cm2, et les « coachlamps », des petites lampes installées sur le montant arrière du toit et destinées à éclairer l’ouverture des portières.

Après les deux années de crise que vient de connaître le marché automobile américain, la production de 100.948 Lincoln et Continental en 1975 est accueillie avec beaucoup de satisfaction, même si les deux marques ferment la marche en se cumulant à la douzième place. De son coté, Cadillac produit 278.404 voitures ce qui lui permet de détenir la dixième place du marché; 6% de ce total est d’ailleurs constitué par la Séville, la nouvelle berline de luxe compacte de Cadillac (5,18 mètres de long), fait suffisamment intéressant pour qu’il n’échappe pas aux stratèges de Ford.

Une nouvelle génération de Continental Mk.

Pour 1976, la Continental Mk IV est entièrement remodelée et devient la Continental Mk V. Par soucis de rationalisation, elle est désormais établie sur la plate-forme du coupé Lincoln Continental. Avec son empattement de 3,06 mètres, elle atteint une longueur de 5,85 mètres et elle est haute de 1,36 mètres; sa masse est de 2.210 kg, dont 58% à l’avant, mais les freins sont à disque aux quatre roues en série! La suspension arrière reçoit une barre stabilisatrice transversale. La transmission est assurée par la boîte automatique « SelectShift » de Ford. Le moteur est toujours le V8 de 7,5 litres à 5 paliers et à poussoirs hydrauliques. Mais, en raison des contraintes d’antipollution et d’économies d’essence, sa puissance est réduite à 208 chevaux, malgré un carburateur à quatre corps inversé Motorcraft.

Dérivée de celle du coupé Lincoln Continental, la carrosserie de la Continental Mk V conserve, cependant, quelques touches personnelles; le bossage arrière imitant une roue de secours, évidemment, les vitres de custode ovales et les trois ouïes verticales de capot situées entre les passages de roues avant et les portières. Le pare-chocs avant est également différent, avec une partie en étrave plus prononcée devant la calandre. Le porte-à-faux avant est aussi plus important sur la Continental Mk V que sur le coupé Lincoln Continental, et les répétiteurs de feux sont différents.

A partir de 1977, la Continental Mk V est proposée dans une gamme de finitions spéciales baptisée « Designers Series ». Il s’agit de quatre versions signées par des couturiers prestigieux, Givenchy, Cartier, Emilio Pucci et Bill Glass. Mécaniquement, la Mk V peut recevoir, en option, un V8 aux cotes réduites de 6.589 cm3; ses cotes sont vraiment carrées avec 101,6 mm en alésage comme en course. Ce moteur est bridé à 179 chevaux à 4.000 tr/mn (son couple est toutefois de 45,5 mkg, dès 1.600 tr/mn!). Mais ce moteur anémique est insuffisant pour conserver des performances importantes à ce lourd coupé de luxe.